L’idée d’un prix unique du livre en Belgique est née avec sa mise en œuvre (loi Lang) en France en 1982. Il aura fallu 35 ans pour qu’on arrive à ce prix unique sur le sol belge. Enfin presque…
2 communautés = 2 lois
3 régions = 3 interprétations
Comme tout est un peu compliqué en Belgique, il n’y pas une seule loi mais 2, car cette compétence est devenue celle des communautés depuis 2014 : une pour la Flandre, mise en place le 1 janvier 2017, et une pour la communauté française (Wallonie + Bruxelles) qui entrera en vigueur le 1 janvier 2018. Le souci est que Bruxelles est une région bilingue, il faudrait donc y appliquer les 2 lois dans les librairies qui proposent des ouvrages dans les 2 langues.
Problème : la loi flamande prévoit une remise maximale de 10% pendant 6 mois, la francophone une ristourne de maximum 5% pendant 2 ans (1 an pour les BD). Donc devant la difficulté de concilier les 2, le Ministre fédéral de l’économie, Kris Peeters, a décidé de laisser les libraires bruxellois libres de fixer le prix de vente de leurs livres.
En pratique pour les bandes dessinées
Vous achetez en Wallonie : -5% de remise max, comme en France, et ce pendant 1 an. Après le prix redevient libre.
Vous achetez vos BD en Flandre : -10% max pendant 6 mois. Après prix libre.
Vous achetez vos albums à Bruxelles : si la librairie, le supermarché ou le site de vente en ligne propose des livres dans les 2 langues (et on ne doute pas que ceux qui voudront appliquer de substantielles réductions en auront), pas de prix unique, donc prix libre.
Bruxelles : le paradis des amateurs de BD
Le prix unique du livre est censé protéger les petites librairies contre le dumping que peuvent se permettre des grandes surfaces ou des sites de ventes en ligne sur certains best-sellers.
En Belgique cependant, la bande dessinée a toujours bénéficié de réductions plus importantes que les autres livres, surtout dans les librairies spécialisées. Et ce pour des raisons historiques. Dans les années 80, la librairie Bédéscope s’installe Chaussée de Wavre à Bruxelles. A l’époque, cette rue est, de par ses loyers peu élevés, le refuge de plusieurs librairies BD dont la plus connue est La Bande Des Six Nez. Pour se démarquer de ses concurrents, le jeune libraire applique une remise de 20% sur les bandes dessinées neuves. Le système fonctionne et les autres libraires sont contraints de faire de même. Avec la propagation de l’enseigne Bédéscope dans la partie francophone du pays, c’est finalement toute la communauté française qui est touchée… au grand bonheur des amateurs de BD.
Même si Bédéscope a disparu et que le nombre de points de vente spécialisés a bien diminué en quelque 35 ans, nombre de librairies spécialisées pratiquent encore des réductions allant de 10 à 20% sur les BD. En Wallonie, ce sera fini à partir du 1 janvier 2018, mais pour ce qui est de la capitale belge, elle restera le paradis pour les bédéphiles puisque le système actuel se poursuivra… Une situation surréaliste… à la belge.
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